jeudi 5 avril 2007

Addendum : Rhésus +

Il me souviens avoir également écrit ceci il y quelques temps. Je vous livre ces réflexions telles quelles :

Je reviens juste sur point qui me semble important après lecture des différentes recension de Rhésus, en m'arrêtant sur un passage de la critique que Nelly Kapriélan a consacré à ce roman (je suis allé faire un tour sur le site de POL et j'ai choisi celle-ci, j'aurais pu en prendre d'autres) :

"la réalité n'existe que dans le langage de chacun, soit dans la narration que chacun s'en fait, et on n'en perçoit donc à chaque fois qu'une infime partie. Et le roman de Marienské ne peut que s'exploser en autant de versions qu'il y a de personnages."

Je crois qu'en fait Rhésus va plus loin et c'est une de ses principales qualités (avec son humour). C'est en vain qu'on chercherait dans ce livre une quelconque confrontation des points de vue à l'instar de ce que W.Collins propose dans "The Moonstone", de laquelle naîtrait la vérité. En fait il y a des réalités. Mieux, cet éclatement n'épargne pas les personnages eux-mêmes : loin de conserver parfaitement intacte leur identité à mesure qu'ils livrent leur version des faits au fil de la narration, ils se déclinent eux-mêmes en de multiples "contreparties" (je reprend le terme du philosophe David Kaplan), toutes différentes, ne conservant en fin de compte qu'une part de cette qualité intangible que nous leur connaissions (entendons ici le mot "identité" au sens large : les tendances les actes et le caractère changent ; le passé et le présent des personnage - le contexte, en somme -, aussi). L'essentiel est précisément cette tension entre la nécessité de dérouler une trame cohérente pour former une histoire et les changements et révisions qu'impose chaque nouveau chapitre à ses prédécesseurs (dans une perspective autiste et sans appel : les réalités ne dialoguent pas les unes avec les autres, elles imposent leur évidence). A chaque pas accompli, les cartes sont ainsi redistribuées et l'on ne sait plus bien si l'on avance ou si l'on titube. Les deux sans doute !

1 commentaire:

Holly Golightly a dit…

Juste pour évoquer mon admiration pour Wilkie Collins.